LANCEMENT DU PREMIER EVENT le 01/04/2024Soyez au rendez-vous !
Écartant les lianes qui pendaient, Menocchio pénétra dans l’alcôve. À l’intérieur, une grande salle creusée à même la roche était plongée dans la pénombre et seul un unique trou au plafond permettait de voir à peu l’édifice. Le puits de lumière irradiait de lumière un seul endroit, un pavé en grès qui faisait deux mètres de long, un mètre de large et un mètre-vingt de hauteur. Sur la roche, était gravée une inscription en latin, en portugais et en japonais.
Dieu nous accueille dans sa maison…
L’hôtel avait été érodé par la pluie durant plus de trois siècles, dévoré par le passage impitoyable de l’eau et du temps dans la région montagneuse de Yamagata. Il ne semblait rester que peu de chose de cette Église creusé dans la montagne, que les premiers chrétiens du Japon ont utilisé pour se cacher et pratiquer leurs cultes méprisés par le Shogunat Tokugawa.
Le métis haïssait les politiques inquisitoriales, qu’elles aient été européennes et extrême-orientales. Sa conception mystique de sa foi, son rapport personnel à elle, ne l’avait jamais poussé à forcer de croire la vérité. Lui qui avait toujours été un tyran en son académie, jamais il n’avait forcé qui se soit à suivre la seule véritable foi qui n’était pas dévoyée, le syncrétisme aïnou-ménocchéen.
Depuis que son ancêtre avait été enfermé puis exécuté pour hérésie – soit avant même sa naissance - le grand brûlé avait toujours eu à l’œil les pouvoirs politiques qui voulaient interférer dans le for privé de ces citoyens. Chacun était plus ou moins libre de croire ce qu’il voulait, que Dieu soit un bol géant de spaghetti bolognaise, ou même qu’il ait émergé du monde, comme les vers émerge du lait fermenté qui devient fromage.
Pour autant, la religion et les rites se mélangeaient, et même sans croire, le rite était une part importante de la culture et se devait de perdurer. C’était pour cela, que Menocchio ne pardonnait pas aux Koutetsu qui tournaient le dos aux kamuys et aux rites qui les vénéraient. Agir sans croire était un problème étranger au métis, dont la cosmogonie était née de son métissage et où deux conceptions du monde existaient et coexistaient sans problème.
Menocchio croyait en un dieu unique, qui avait émergé du monde en même temps que les anges, mais il croyait aussi dans les esprits de la nature, qui avaient émergé de la même manière que les anges. Toute divinité aïnou était le miroir d’un des anges décrit dans la Vulgaire. De toute façon, peu importait au grand brûlé qu’on croit la même chose que lui, la foi, le rite, était objet de lien social avant toute chose. La foi aïnou rassemblait les Koutetsu et permettait de créer un lien pour ces myriades de tribus amalgamées et rassembler pour lutter contre les dangers du grand Nord.
Mais le métis n’étant pas rentré dans cette maison de Dieu abandonné pour philosopher sur la place de la foi dans sa vie, non. Il avait lu, qu’en la préfecture de Yamagata, les premiers chrétiens japonais avaient eu un artefact des mains des Portugais. On disait que cet artefact était capable de réparer le corps brisé de n’importe qui, qu’il pouvait rendre la vigueur aux vieillards et donc sa beauté au grand brûlé. Dans cette quête qui guidait sa vie, il était clair que Menocchio était là pour retrouver sa beauté, ou tout du moins, avoir un indice pour retrouver cet artefact qui était une relique, s’en était une certitude.
Le métis commença à fouiller, regardant les livres à moitié moisis caché dans une alcôve, à la recherche de la moindre trace viable d’une solution à son obsession, d’une possibilité de guérison. Mais les livres étaient illisibles, il n’y avait donc aucune chance de pouvoir comprendre. À part quelques cierges à moitié chaud, ou des larmes de cires avaient coulé, il n’y avait rien. Le lieu était abandonné depuis plusieurs centaines d’années et pourtant… Tout paraissait presque... Presque propre.
Une évidence frappa alors Menocchio qui compris qu’avec les cierges et de la moisissure absente, le lieu n’était pas réellement abandonné, mais en train d’être rénové. S’il tardait à rester, alors, il ne tarderait probablement pas à rencontrer la dernière personne à avoir pénétrée ici.