LANCEMENT DU PREMIER EVENT le 01/04/2024Soyez au rendez-vous !
En plein cœur d’Harakuju, là ou la ville s’incline à des reliefs plus sauvages, des arbres faisant comme une haie d’honneur à l’encontre du visiteur, se trouvait le temple de Meiji-jingu. Cétait ici qu’avait posé bagage notre jeune bouddhiste, accueillis comme un membre de la famille des Shintoïste, une croyance fermement ancrée dans les mœurs nippone, et dans le cœur des moines qui s’occupaient de l’endroit. La route y menant était bordée de végétation épaisses et éparse, le sol en béton contrastant dans cette sorte de jungle urbaine qu’était Tokyo, et son centre. Un grand portail en cyprès, un Torii, annonçait la couleur : Vous qui pénétrez ici, respectez et vénérez l’invisible et l’impalpable royaume des cieux, comme celui des morts. Vous qui pénétrez ici, vous trouverez toujours ce que vous cherchez dans la profondeur de votre âme. La foi est intemporel et omniprésente par nature elle-même. Pour autant, chaque temple permettait de se reconnecter. A soi d’abords, aux autres ensuite, puis aux entités qui gouvernaient notre monde discrètement, d’une main habile, posant des jalons ou des épreuves, chez tout à chacun.
Ce matin là, Rokku s’occupait du jardin intérieur. Habillé de la tenue habituelle d’un moine, une paire de ciseaux à biseauter à la main, il taillait les ficus gigantesque entretenus par la ferveur et le soin des petites mains du temple. Rokku n’avait généralement pas d’influence sur l’éveil spirituel des autres moines, sa double casquette de shinto et de bouddhiste le faisant passer, soit pour une girouette, soit pour un simple d’esprit.
Vénérer les hommes et les kamis, paraissait impossible pour certains. Pour beaucoup même. Pas pour qui pratique la voie du coeur. Laissant traîner ses oreilles pendant la pause qu’il s’octroyait alors, il entendit des bribes de conversations…
- … Doit faire des heures qu’il est devant l’autel….
- … Il a pas bougé, bigre, il me fait peur avec son bandeau
-Un fidèle de Susanoo en plus, que nous veux-t-il ? Je préfère le calme a la tempête.
L’imposante silhouette de Rokku apparu dans l’encadrement de la porte, donnant sur des coursives réservées aux moinillons. Elle jeta son ombre en plein centre des trois individus, crâne rasés pour certains, qui jetteraient un regard méfiant à l’arrivant. Rokku joint ces mains en signe de paix et de salutation.
- Bonjour mes chers amis, je vous prie de ne point égrainer de mauvaises idées aussi près de notre jardin, elles risqueraient de prendre racine ! Lâcha-t-il … Je suppose que nous avons tous un rôle à jouer, et cet homme partage notre ardeur et notre foi. Nous devons l’accueillir du mieux que nous le pouvons, et l’accompagner sur la voie qui lui sera la plus utile et la meilleure pour développer sa spiritualité. .. Il lorgna les trois hommes comme s’il toisait un bœuf avant de l’acquérir … Namaste mes frères, je m'en vais saluer notre visiteur….
Faisant un détour, il prit les portes qui menaient vers l’extérieur du domaine, là, dans un des renfoncements abrité de la pluie par l’énorme rocher dans lequel était taillé l’autel, se trouvait une corde sacrée, ainsi qu’une statuette à l’effigie du tueur de dragon, du dieu de la tempête, ainsi que quelques offrandes, des fleurs et des bougies éteintes. Il jaugea l’homme un instant, ne se posant aucune questions, car aucune n’étaient légitime en ses lieux.
Sans apriori, le moine interrompit la foi du visiteur en douceur, donnant de la voix :
- Auriez-vous soif ? Cela fait longtemps que vous êtes ainsi agenouillé, vous avez le droit de faire une pause ou votre foi vous l’interdirait ? Il avait un large sourire sur le visage, le genre qui désarme, le genre lumineux, le genre qui pratique la foi. Cela se sentait dans son aura, qui rayonnait de la même manière. Il fit balancer de droite à gauche la gourde. Shplok Shplok.
Après tout, dans la voie du milieu, savoir éviter les excès de zèle figurait dans le top dix. Cet homme semblait plein de contraste et surtout, agrippé fermement à sa solitude. Rokku ne pouvait que venir partager un moment avec quelqu’un de cette trempe.