LANCEMENT DU PREMIER EVENT le 01/04/2024Soyez au rendez-vous !
what the hell are morals
Veuve dévastée par la perte de son mari, voilà le rôle que tu endosses depuis ce jour où les policiers t’ont annoncé sa mort, son corps retrouvé au fond d’une ruelle sombre, le visage tellement abîmé qu’il en était presque méconnaissable. Tu te souviens être fondue en larme, ce matin-là, d’avoir longtemps pleuré dans les bras de l’agent de l’ordre qui n’osait pas te brusquer, toi pauvre malheureuse qui venait de tout perdre en une fraction de seconde à peine. Et si une enquête fut ouverte, elle fut rapidement fermée avec une conclusion toute simple, qui semblait être l’évidence. Car quand bien même se font-ils plus rares, il a tout simplement été victime de quelques criminels mal organisés qui en avaient pour son argent, le corps ayant après tout été dépouillé de tous ses effets personnels, et même de ses vêtements.
Et pourtant, tu ne semblais pas y trouver réconfort, dans cette conclusion qui ne te convenait pas. Ou, plutôt, dans la conclusion que les coupables ne seraient jamais traînés en justice parce que nul ne pouvait les identifier. Déçue du système en place, toi qui a pourtant toujours eu ces discours patriotiques, voilà que tu as décidé de prendre les choses en mains, pour que s’ils ne pouvaient pas t’aider, alors soit.
Tu trouverais quelqu’un capable de le faire.
Quelqu’un qui vengerait la mort de ton mari.
Un détective privé, donc, qui ne saurait rien de l’implication que tu as eu dans cette triste mort, les coupables de l’autre côté de ce voile qui préserve les humains. Des fléaux, monstres se nourrissant de malheur, à qui tu as offert un festin cette soirée-là, leur permettant de se délecter de la peur du malheureux qu’ils ont torturé. Un plaisir pour eux.
Une nuisance en moins pour toi.
Un maquillage léger, naturel, qui est pourtant venu rougir tes yeux et assombrir ces cernes, pour donner une impression de fatigue à ce rôle que tu joues depuis plusieurs mois déjà, si triste de la perte du seul homme que tu as pu aimer, âme soeur t’ayant été arraché. Une tenue plus négligée, différente de celles que tu arbores en public, un jogging ainsi qu’un pull trop grand pour toi. Le sien, qu’on peut deviner. Parce qu’il ne sert à rien d’entretenir les apparences dans le coeur de ton foyer, cette maison qui fut la vôtre et qui aurait dû accueillir votre joyeuse petite famille en devenir. L’heure du rendez-vous approche et alors que l’aiguille arrive sur le deux, annonçant quatorze heures, tu as déjà de l’eau sur le feu, prête à offrir du thé à ton invité.
Celui supposé résoudre tous tes problèmes.
Que tu vas accueillir lorsque sa présence t’est signifiée au travers cette caméra qui surveille l’entrée de la maison, à l’extérieur. Jamais trop prudent, surtout alors que tu es une jeune femme vivant désormais seule. Tu ouvres la porte, l’esquisse d’un sourire sur les lèvres, ta longue chevelure pâle attachée en un chignon lâche. Je vous remercie de vous être déplacés jusqu’ici. Je passe déjà trop de temps à l’extérieur au quotidien, je n’avais pas l’énergie de prétendre le temps d’un repas. Sourire presque agréable, donc. Reconnaissant, surtout.
Tandis que tu lui fais signe de te suivre.
Puis-je vous offrir du thé ?
Lui laisser le temps d’arriver avant d’entrer dans le vif du sujet.